LE HIP HOP EST UN LUXE, MAIS C’EST QUI QU’A L’OSEILLE ?

Publié dans le magazine Orbeat, septembre 2009 / Edito

Y a plus de fric dans le rap

Qui s’en soucie ? Pas nos lecteurs. Il ne manquerait plus qu’on vous demande de vous inquiéter pour des histoires de sous. Et puis tant qu’on continue de découvrir des artistes comme le photographe Wilee (en couverture/page 20), le bluesman Terry Callier (p.14) ou le groupe de reggae Tu Shung Peng (p.16), il n’y a pas de quoi s’alarmer. Alors pardon, mais un coup de gueule, ça vient comme une envie de pondre.

Les activistes hip hop se démènent pour faire vivre la culture hip hop, l’art en général… Pas pour se plaindre de ne pas faire péter le jackpot. Mais voilà, sans chercher le jackpot, avec ‘‘la fraîche’’ on fait des choses. Si le mouvement d’appauvrissement persiste, il va falloir organiser une quête nationale pour financer le hip hop. C’est du délire ! Les musiques urbaines n’arrêtent pas de progresser dans la culture populaire, les trentenaires écoutent du hip hop depuis plus de 15 ans, les ados baignent dans le rap depuis l’enfance… Le public est immense. Mais le marché de la publicité boude le hip hop. Et pas de pub, c’est moins de médias, moins de médias c’est moins d’exposition pour les artistes, et moins d’exposition pour les artistes c’est moins de moyens pour créer… Le chat se mord la queue, avant de se bouffer les pattes arrières.

Aujourd’hui trouver simplement des médias qui parlent de Mos Def, d’artistes émergents, ou qui choisissent de mettre un photographe en couverture relève pratiquement de l’exploit. À croire que K-Maro, le rap gang et le R’n’B ont fini de convaincre les publicitaires que le hip hop est une culture au rabais et que finalement, la Star Ac’, c’est pas si mal (l’attaque est facile mais on comprend). Autant finir dans le graveleux, la crise on l’emmerde, on veut des artistes et de la musique.

mBz